va-t-il sans dire que je ne dirai rien et me calfeutrerai dans l’élégance du silence recroquevillé dans un petit coin je pétrirai une boule au creux de mon ventre et je la nourrirai amoureusement puis cette boule va-t-il sans dire je la chierai solennel et discret je la chierai dans l’humble solitude de l’homme assis au-dessus du vide comme une figure de Giacometti après quoi cette boule de merde va-t-il sans dire je plongerai mon bras dans la cuvette je l’extirperai à pleine main je sortirai dans la rue et je la jetterai contre un mur bien blanc et j’attendrai qu’elle s’écoule jusqu’au sol jusqu’à ce qu’il ne reste plus sur le mur que des noisettes entières de merde qui cachent sous leur coque des grenades de diamants et des fruits de la passion alors il va sans dire j’aurai parlé