la nuit s’est cassée . en mille morceaux . lorsqu’elle est tombée . sur ma maison.
je la dévisse, elle a une odeur d’os.
je pose la nuit sur une plaque millimétrée, y découpe la forme de ma chambre, la forme de mon sommeil. l’étends par terre.
la nuit respire sur le sol , doucement. se soulève à peine.
si l’on coupe un cube de nuit de gauche à droite, puis chaque moitié de haut en bas, par combien multiplie-t-on la surface de la nuit , il demande.
pleine, la nuit sera – pleine .
ils vérifieront cette hypothèse. testeront ses corolaires. chercheront le contre-exemple. discuteront son bien-fondé.
je prendrai les outils à la cave, remettrai la nuit en place.
elle sentira le propre, ce sera une nuit neuve comme il y en a tous les deux-mille-neuf-cent-soixante-seize ans , environ.
j’y collerai mon visage sans couleur.
la nuit courra sur mes tempes, se faufilera dans mes yeux, se glissera sous mes ongles, entière.
elle deviendra une prière , dite le long des os.
la nuit aura la surface de ma peau , ce sera l’heure de dormir.
le sommeil sera le seul calcul.