j’escaladerai tes rides grand-mère
, remonterai le cours d’une falaise abandonnée.
je mangerai ta face
, me nourrirai de tes aspérités
, ingérerai ton presque siècle.
le repas est prêt : il y a de quoi rassasier tout le monde.
on finit de dresser la table, avance encore un peu.
grand-mère il n’est plus, plus temps de te souvenir – les lèvres presque jointes prie. ta prière faite marche.
dans ses bottes d’hiver craquelées de soleil, elle a six ans et quatre-vingt-treize de plus.
trente mètres trente ans : elle a pris en avançant les rides de son âge.
te voilà presque centenaire , grand-mère soudain grand-mère, trois fois femme et qui aurait cru que je vivrais assez pour voir cela.